Harcèlement entre élèves et vécu parental : Exploration du vécu parental en relations avec le sentiment de compétence parentale et la surprotection parentale

Résumé

Le harcèlement entre élèves est un phénomène dont les conséquences sur les protagonistes directement impliqués ont été abondamment étudiées. Mais peu de chercheurs se sont intéressés aux répercussions de ce phénomène sur les parents d'élèves. Notre recherche a pour objectif d'explorer le vécu parental dans le contexte du harcèlement entre élèves. Face à la victimisation de son enfant, le parent peut ressentir de l'inquiétude (Benatov, 2019) mais parfois de la colère, de la culpabilité et un sentiment d'impuissance (Rigby, 2007; Brown, Aalsma & Ott, 2013). Les parents d'enfants impliqués cherchent souvent à agir en réaction au stress engendré par la situation (Sawler, Mishna, Pelper & Wiener, 2011). Certains parents peuvent alors chercher à soutenir leur enfant (Erath et al., 2021). D'autres, mettent en place différentes stratégies : se documenter sur le harcèlement, consulter d'autres personnes ou chercher le contact avec l'école (Benatov, 2019). Ces différents aspects concernent principalement les émotions et les comportements des parents. Comme le suggère Mouton (2020), nous pouvons considérer la notion de parentalité autour de trois axes (émotions, comportements, cognitions). Nous proposons d'explorer le vécu de parents dont l'enfant est impliqué dans une situation de harcèlement entre élèves en relation avec le sentiment de compétence parentale qui s'inscrit dans le troisième axe (cognitions). Nous postulons que le sentiment de compétence parentale des parents dont l'enfant est impliqué sera plus faible que celui des parents dont l'enfant n'est pas impliqué. Nous mobiliserons également la notion de surprotection parentale en faisant l'hypothèse que le niveau de surprotection des parents dont l'enfant est impliqué sera plus élevé que celui des parents d'enfants non impliqués. Nous avons diffusé un questionnaire à des parents de 6e primaire, de 1re secondaire et de 2e secondaire. Nos résultats établis sur un échantillon de 74 parents confirment l'hypothèse qui concerne la surprotection parentale mais nous permettent également de constater la place centrale de la perception parentale de l'anxiété de l'enfant dans ce champ de recherche. En outre, nous avons observé une meilleure perception des relations écoles-parents chez les parents dont l'enfant n'est pas impliqué dans une situation de harcèlement entre élèves. Tout cela nous permet d'appréhender le vécu parental dans le contexte du harcèlement entre élèves dans une perspective individuelle mais également dans le contexte plus général des relations qu'entretiennent les parents avec leurs enfants et avec l'établissement scolaire.