Durant cette activité, les participants ont échangé autour de leurs représentations (des familles et des professionnels) dans la rencontre avec les familles et 2 questions se sont dégagées :
- Comment les représentations des parents et des professionnels peuvent faciliter ou mettre en difficulté la rencontre des familles ?
- Existe-t-il des outils permettant de travailler les représentations des professionnels et celles des familles ?
Les représentations des professionnels pour les familles
Au cours de ce débat, les participants ont exprimé le fait que les mandats/fonctions des professionnels et les représentations que les familles s’en font, influent sur leurs rencontres selon les contextes de temps et de lieu. Ainsi, les fonctions de « travailleurs sociaux » semblent souvent perçues comme du « contrôle » par les familles rencontrées.
A titre d’exemple, durant la période de crise sanitaire COVID-19, des travailleuses médico-sociales dans une crèche devaient veiller strictement au respect des mesures sanitaires par les parents des enfants accueillis. Elles ont regretté que cette représentation de leur travail tende à prendre le dessus sur d’autres dimensions de la rencontre, ce qui soulève cette question : la confiance n’est-elle pas en train de se fragiliser sous cette casquette « agent contrôle » ?
Au contraire, des professionnelles en ASBL, qui ne sont pas travailleuses médico-sociales, s’accordent sur l’idée que leur fonction facilite la rencontre avec les familles car elle n’implique pas de représentation d’approche « normative et contrôlante » vis-à-vis de leur travail. Elles ne ressentent pas de méfiance de la part de familles qui se sentiraient « prises au piège » par des travailleurs sociaux dans le cadre de lieux à visée de rencontre conviviale, comme des groupes de parole par exemple. De plus, une travailleuse sociale a expliqué se départir de cette fonction lorsqu’elle anime des rencontres entre parents dans une ASBL, pour ne pas brouiller les représentations à propos de son rôle lorsqu’elle les reçoit dans son bureau pour des démarches administratives. Les échanges sont plus riches dans un cadre où les familles se sentent plus à l’aise.
Pour travailler sur les représentations des professionnels, une Partenaire Enfants et Parents de l’ONE a expliqué mobiliser beaucoup d’humour dans son travail pour casser une représentation figée que les familles peuvent avoir du service public.
Les représentations des familles pour les professionnels
Plusieurs participants ont parlé du « choc culturel » qu’ils ressentent dans la rencontre avec certaines familles. Au niveau des outils pour travailler sur les représentations, ils pensent qu’il est primordial de disposer d’un bagage sur la culture des familles.
Pour réagir au « choc culturel » et aux incompréhensions/malentendus qui peuvent s’ensuivre (les recommandations de l'ONE versus les habitudes/traditions familiales sur le principe du « on a toujours fait comme ça »), un participant a parlé à nouveau de la valeur de l’humour. Cette attitude peut aussi permettre de dédramatiser des situations difficiles, de rendre les choses plus légères.
En lien avec les fonctions des professionnels et leurs activités, une Partenaire Enfants et Parents a mis en évidence la dichotomie qui peut exister entre le temps qu’elles peuvent accorder à la rencontre avec les familles et le temps qu’elles doivent consacrer à des projets de digitalisation ou à des tâches administratives. Ces derniers prennent du temps au détriment des rencontres, laissant peu d’occasion pour travailler sur les représentations notamment.
Les participants s’accordent sur l’idée que les représentations sont doubles (les professionnels vis-à-vis des familles et inversement), mais aussi variables entre professionnels (Partenaire Enfants et Parents en désaccord avec un médecin sur des notions de « culture autre », par exemple).
Les représentations des thématiques abordées lors de rencontres collectives entre professionnels et familles
Les participants ont parlé de leurs expériences d’animation de lieux de rencontre accueillant principalement des femmes. Le fait de se retrouver entre elles, mais aussi d’échanger autour de thèmes fédérateurs, permet de dépasser la diversité sociale et culturelle sans jugement de valeur par rapport aux représentations de chacune. Un exemple de thème cité est : les pressions et les ressentis associés à l’image d’une « mère parfaite ». Les femmes réunies lors de « cafés des parents » peuvent se retrouver dans ce thème malgré les situations parentales et familiales variées.
L’évolution des représentations
Des participants exerçant leur fonction de Partenaire Enfants et Parents depuis 20-30 ans ont insisté sur l’importance de prendre en compte l’évolution des représentations des professionnels et des familles dans leur travail.
Par exemple, si l’ONE maintient son image de service public de promotion de la santé, une Partenaire Enfants et Parents en fonction dans un milieu « non défavorisé » observe que les familles qui fréquentent la consultation pour enfants aujourd’hui sont davantage en recherche d’un espace d’échanges avec des professionnels, qui deviennent des référents pour échanger autour de la parentalité. Un participant a pu observer une évolution de la population qui fréquente sa consultation, aujourd’hui nettement plus hétéroclite qu’auparavant, avec un mélange de familles émigrées, primo-arrivantes ou « bobo ». Ils rencontrent aussi ces familles au cours des 3 mois suivant la naissance d’un enfant, ce qui est une période plus courte qu’auparavant.