Aller au contenu principal
ven.vendredi
04/02
Actualité

Résultats d'une enquête sur les circonstances de la naissance en Belgique avant et pendant la pandémie de Covid

Cette étude montre d’une part que le covid a augmenté les peurs des femmes sur le point d’accoucher et révèle, d’autre part, une disparité entre les maternités en ce qui concerne les violences obstétricales et gynécologiques. Petit aperçu des recommandations issues de la recherche : la nécessité de monitorer les maternités et de repenser la formation des professionnels en donnant davantage de centralité aux futures mamans

À l’instar de plusieurs pays qui se sont préoccupés du vécu des femmes lors de leur suivi de grossesse, de leur accouchement et de la période du post-partum en lien avec le Covid, la Plateforme Citoyenne pour une Naissance Respectée a souhaité réaliser une recherche sur cette question en Belgique francophone. 

L’ÉTUDE POURSUIVAIT TROIS OBJECTIFS :

  • Analyser l’impact de la gestion sanitaire du Covid 19 sur le suivi de grossesse, les conditions d’accouchement et le post-partum ;
  • Récolter et analyser les données sur les conditions d’accouchement et notamment sur les violences obstétricales avant et après mars 2020 (pour la première fois en Belgique) ;
  • Formuler des recommandations.

5983 femmes ont souhaité participer au questionnaire, dont 4226 répondaient aux critères de l'étude, à savoir :

  • Avoir plus de 18 ans ;
  • Avoir accouché en Wallonie ou à Bruxelles entre le 1/1/2019 et le 18/7/2021.

Le questionnaire pouvant réveiller un traumatisme lié à l’accouchement, un support psychologique était proposé aux femmes qui le souhaitaient grâce à un partenariat avec le service de santé mentale du Chien Vert.

Le covid-19 a eu un impact sur les aspects suivants :

  1. Présence de peurs au cours de la grossesse, surtout après des femmes qui ont accouché durant le 1er confinement et le 1er déconfinement (peur de l’absence du co-parent au cours de l’accouchement, peur d’être séparée de son bébé, peur d’avoir une césarienne, et autres) ;
  2. Désir accru de réduire le temps passé en maternité et de changer de lieu d’accouchement, notamment en faveur du domicile ;
  3. Chute du pourcentage des visites à domicile après la naissance réalisées gratuitement par l’ONE .

Les violences obstétricales et gynécologiques, quant à elles, continuent à être pratiquées dans beaucoup de maternités en Fédération Wallonie-Bruxelles. Par ailleurs, l’étude montre un écart important entre les pratiques de différents hôpitaux.

1 femme sur 5 a reporté avoir été victime d’actes délétères, tels que :

  • L’expression abdominale : consistant à appliquer une pression sur le fond de l’utérus pendant les efforts expulsifs afin d’accélérer la sortie du bébé ;
  • Les actes à vif : actes pratiqués sans anesthésie ou avec une anesthésie inefficace ;
  • Le point du mari : le fait de recoudre une épisiotomie plus serrée, pour soi-disant augmenter le plaisir du mari lors des rapports sexuels.

1 femme sur 4 a témoigné avoir subi de la violence psychologique.

Les recommandations scientifiques sont peu appliquées ou souffrent de la culture du service.

  1. Par exemple dans certaines maternités :
    • 7% de femmes ont accouché avec l’utilisation d’instruments contre 22,5% de femmes dans d’autres maternités ;
    • 7% de femmes ont eu une épisiotomie contre 37% de femmes dans d’autres maternités.
  2. Plusieurs pratiques réduisant l’autonomie des femmes au cours de leur accouchement ont été révélées dans cette étude :
    • 34.76% des répondantes n’ont pas pu manger ;
    • 16.56% des femmes n’ont pas eu le droit de boire ;
    • Plus de la moitié des mères ayant accouché par voie basse n’ont pas pu choisir leur position d’accouchement ;
    • 62.75% des répondantes ont eu une perfusion qui les empêchaient de bouger librement au cours de leur accouchement.

Depuis 2018, l’OMS encourage chez les femmes à faible risque obstétrical la prise de liquide et de nourriture par voie orale pendant l’accouchement, ainsi que la mobilité et une position verticale pendant le travail. L’utilisation de fluides par voie intraveineuse dans le but de réduire la durée du travail n’est pas recommandée.

Les réponses fournies par les participantes à l’étude permettent de montrer que dans un peu plus de 10% des cas, le déclenchement est effectué pour convenances personnelles ou pour convenances des professionnels.

Les femmes ne sont pas assez mises au centre, comme le démontrent :

  • Le fait que, en considérant les césariennes, les épisiotomies et l’utilisation d’instruments, l’acte posé n’est pas expliqué dans deux cas sur trois et le consentement n’est pas demandé dans la moitié des actes posés ;
  • Les femmes n’ont pas toujours la possibilité de changer de lieu d’accouchement (7 sur 10 ont pu changer de maternité, 1 sur 2 a pu changer de lieu pour la maison de naissance ou le gîte hospitalier et seulement 4 sur 10 ont pu opter pour leur domicile).

L’étude permet d’affirmer que faire naître son bébé hors de l’hôpital donne aux femmes un plus grand sentiment d’autonomie.

La presque totalité des femmes qui ont accouché dans les maisons de naissance ou les gîtes intra hospitalier (88,7%) et à domicile (92,3%) trouvent que leur projet de naissance a été respecté (contre 54,4% qui a accouché en maternité).

Une autre donnée intéressante concerne la confiance des femmes :

  • D’un côté la principale ressource des femmes semblerait être le co-parent, alors que la confiance en elles-mêmes et en leurs capacités est beaucoup moins faible (96 contre 76%).
  • D’autre part, il est très encourageant de relever que les femmes accordent beaucoup de confiance aux professionnels de la santé (86%).

À la suite de cette première étude sur les conditions d’accouchement en Fédération Wallonie-Bruxelles, la Plateforme a avancé les recommandations suivantes :

  1. Assurer une meilleure transparence des données et informations aux patientes
  2. Mieux prendre en charge les conséquences qu'une crise sanitaire a sur l’accouchement 
  3. Etablir un observatoire national de la naissance 
  4. Garantir que les femmes aient des choix 
  5. Repenser le cursus de formation des professionnels
  6. Encourager la bienveillance obstétricale

Lien vers les résultats complets de l’enquête

 

Évaluez l'utilité de cet article