Avant-propos
"Les temps changent, nos sociétés évoluent et malheureusement pas toujours dans le sens du progrès. C’est particulièrement vrai lorsqu’il est question du meilleur intérêt des enfants. L’institution du Délégué général aux droits de l’enfant est, par nature, une institution généraliste. Au travers de ses différentes missions, notamment de récolte de plaintes ou de recommandation auprès du Parlement et du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Délégué général est un observateur privilégié des injustices, des violences, de la maltraitance, qu’elles soient physique, psychologique, institutionnelle ou autre, infligées aux mineurs d’âge dans notre communauté. De cette place particulière, il lui est donné de voir clairement combien les jeunes sur lesquels certains médias, certains (ir)responsables succombant au populisme ou adultes, en général, s’acharnent à l’adolescence, pour leur comportement qualifiés de déviants et parfois inacceptables, il faut le reconnaître, ont d’abord euxmêmes été dans leur plus tendre enfance, victimes de violences en tous genres. Désormais, et notamment grâce au travail remarquable de la Commission Maltraitance de Charleroi, on ne peut plus dire qu’on ne savait pas quelles sont les conséquences terribles de la négligence sur un petit enfant, parfois un nouveau né, lorsqu’il sera devenu un jeune et puis un adulte. Bien sûr il ne faudrait pas que ces preuves médicales, psychologiques, psychiatriques, scientifiques, au sens le plus noble du terme, nous conduisent à un déterminisme dangereux qui ferait de tout petit enfant négligé ou maltraité un potentiel danger, une menace éventuelle pour la société. La crise économique et financière que nous vivons a elle aussi des conséquences effroyables sur certaines familles qu’il serait important de quantifier, définir clairement pour mieux préserver, protéger les enfants qui en sont victimes. En revanche, sous cet éclairage, il est impossible de nier l’importance de travailler la prévention dès le plus jeune âge, l’accompagnement des parents dès avant même la naissance, une vision transversale de la politique de l’enfance qui tienne compte de tous les aspects sociaux, économiques, culturels, ... dans l’éducation de l’enfant. On voit combien le sujet est délicat quand il s’agit de travailler le vivant, de travailler l’humain alors qu’il vient à peine de naître. On voit très bien ce que cette réflexion amène en termes d’éthique, d’égalité des chances, d’émancipation et d’humanisme. Le Délégué général salue le travail qui a été réalisé par la Commission Maltraitance de Charleroi d’autant qu’il inscrit son action dans le sens d’un renforcement de la prévention générale dans le meilleur intérêt des enfants. La publication en décembre 201 2, avec l’ONE et la Direction générale de l’aide à la jeunesse, d’un Référentiel de soutien à la parentalité pour un accompagnement réfléchi des familles n’en est qu’un exemple parmi d’autres, qui promeut un travail en réseau qui respecte les parents, quel que soit leur environnement quotidien. L’expérience de la Finlande, souvent prise en exemple par certains élus pour souligner la qualité de l’enseignement qui y est prodigué, nous invite à nous rappeler, par ailleurs, qu’avant de travailler sur l’école primaire et secondaire, les Finlandais ont investi massivement dans la petite enfance pour obtenir le succès que l’on voit aujourd’hui. Car c’est dès la semence que l’on prépare le fruit. Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant".
Mots-clés
- Négligence
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