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Quelles pratiques? Quelques réflexions....

Articulation enfant(s)- parent(s)-professionnel(s)

 

L’accueil d’un enfant se pense dans une relation triangulaire, incluant l’enfant, le(s) parent(s) et le(s) professionnel(s). Il importe donc de réfléchir à la position et à la place de chacun.

De nombreux points de rencontre et parfois de tension peuvent apparaitre étant donné que les professionnels de l’accueil sont soumis à un double enjeu : remplir leur mission première qui consiste à accueillir l’enfant en prenant en compte la parentalité, en respectant, voire en sollicitant, les compétences des parents.

Les actions des adultes autour de l’enfant peuvent être conçus et mis en œuvre de manière très différentes par les parents et les professionnels.  L’intérêt supérieur et les droits de l'enfant, s’ils s’imposent à tous peuvent aussi être compris différemment. Pour se rejoindre auprès de l’enfant, un dialogue et une explicitation sont indispensables.

Considérer l'enfant comme acteur de la relation triangulaire enfant-parents-accueillants, implique d’aborder la question du point de vue du rôle qu'il exerce à travers les interactions avec:

  • Ses parents : l'enfant provoque des émotions chez eux et contribue ainsi à la construction de leur parentalité;
  • Le professionnel : l’enfant envoie des signes sur son vécu que perçoit et interprète le professionnel. Il provoque aussi des émotions. Sans prise de conscience et ni réflexion sur son positionnement professionnel, c’est parfois un phénomène de résonnance interne qui risque de guider l’action du professionnel.

 

Comprendre son positionnement professionnel implique d’analyser son rôle et sa position vis-à-vis de l'enfant et des parents. Ainsi, certaines dimensions sont à considérer et à questionner :

  • Regard du professionnel sur l'enfant et sur les parents : le regard colore la relation. Quel impact aurait-t-il sur la parentalité ? Est-ce un regard neutre, qui soutient, ou qui juge... ?
  • Professionnel expert : Professionnel et parent(s) ont chacun leur expertise concernant l’enfant. Le professionnel est expert de l’enfant dans la collectivité car il le voit évoluer dans le groupe. Les parents, sont eux, aussi experts de leur enfant dans la relation qu’ils construisent avec lui.
  • Travailler avec, pour ou sans les parents : l'option privilégiée dans le référentiel est de travailler AVEC eux.

Pour apaiser la tension entre la prise en compte des demandes de parents concernant l’accueil de LEUR enfant et les réalités de la collectivité ainsi que la mise en œuvre des objectifs d'un projet d'accueil, il est important que les accueillants instaurent avec les parents un dialogue basé sur le respect mutuel, point de départ pour une collaboration positive et une compréhension mutuelle. Ce positionnement et cette posture permettent à chaque parent de se sentir autorisé à entrer dans le lieu d’accueil, de sentir qu’il y est reconnu compétent et légitime même si sa demande spécifique ne peut être rencontrée.

 

La question de la participation des parents est souvent évoquée et celle-ci peut avoir un impact sur différents enjeux :

  • Enjeu pour l’enfant : pour s’épanouir au sein du lieu d’accueil, l’enfant a besoin de se sentir « autorisé »  par son parent à être pris en charge par un (d’) autre(s) adulte(s) et à s’épanouir dans le lieu, avec lui (eux).
  • Enjeu pour le lieu d’accueil : le lieu d’accueil a besoin des parents pour accueillir leur enfant.
  • Enjeu pour les parents : ils ont besoin de sentir que le lieu d’accueil reconnaît leur place et entend leur parole de parents.
  • Enjeu sociétal : chaque individu a besoin de pouvoir exercer sa citoyenneté, son rôle citoyen dans tous les lieux qui le concerne. C’est une des conditions du vivre ensemble. (Code de Qualité, article 9 et toute la section 5)

L'espace de participation peut se jouer à un niveau individuel ou collectif et ne doit pas être forcé.

Les parents participent au fur et à mesure qu'ils trouvent du sens dans cette participation, quelle que soit la forme préférée du parent (individuelle, collective ou communautaire).

Ainsi, les lieux d’accueil offrent des espaces et des moments qui permettent à chaque parent de faire le choix entre différents niveaux de participation, en fonction de ses souhaits, besoins et/ou ressentis. Le parent peut donc :

  • Être informé
  • Être entendu et se sentir respecté
  • Être écouté et compris
  • Être pris en compte dans son rôle et importance
  • Participer à la mise en œuvre
  • Participer à la décision.

Un questionnement de la part des professionnels concernant les moments, les espaces et les temps plus adaptés pour que les parents puissent prendre part au processus de participation est nécessaire.
 

 
Faut-il tout dire ?

Non, en tant que professionnels de l’accueil, il importe de communiquer uniquement les informations directement en lien avec la qualité de l'accueil, à savoir les informations concernant :

  • la vie de l'enfant dans le lieu d’accueil : les compétences de l'enfant, ses relations avec les pairs et les professionnels, son développement, son alimentation, son état de santé et pour les tout-petits, ses rythmes physiologiques. 
  • la vie de l'enfant à la maison : ce qui permet aux accueillants de connaître ce qui, dans son environnement, impacte la prise en charge dans le millieu d’accueil est essentiel et ce, sans que le lieu d'accueil prenne position.
  • l'impact des communications sur l’enfant : c'est important ce qu'on donne à voir des vécus émotionnels et compétences de l'enfant.
  • l'impact sur le parent/la parentalité : il y a les effets provoqués d'un côté par les éléments communiqués au parent (comment on les communique ?), de l'autre côté par l'image que l'on renvoie à l'enfant de son parent en gestes ou en paroles et en miroir l’image que l’on renvoie de l’enfant au parent.
Comment communiquer ?
  • Organiser des temps et des espaces : Les moments d’échange entre parents et professionnels sont en majorité des temps de départ et d’arrivée de l’enfant et donc chargés d'émotions en tout genre, il est important que le professionnel réfléchisse à la manière d’aménager ces moments afin de garantir la qualité de la communication.
  • Ajuster les messages : Les codes de communication n’étant pas toujours les mêmes entre parent et professionnel, il est de la responsabilité du professionnel de veiller à être compris, et de tenter de comprendre le parent. Cependant, cela ne doit pas empêcher de communiquer de manière authentique et adéquate.
  • Soigner les écrits et leur mise à disposition : Les documents laissés à disposition ont aussi un impact sur la parentalité. Il importe donc de veiller aussi à ce que ceux-ci soient compréhensibles, accessibles et choisis.

Respecter la parentalité dans nos pratiques

 

L’un des principes du référentiel de soutien à la parentalité est de considérer que les parents ont des compétences. Pour construire une relation ajustée aux parents, il est indispensable d’aller à leur rencontre avec cette conviction.

Quelques points d'attention:

  • Regard le plus neutre possible : en se décentrant de ses représentations, son système de valeurs et de références
  • Parent = partenaire : Le parent a des compétences, un savoir, … c’est un partenaire égal, avec qui on travaille.

Etre bientraitant, c’est notamment être attentif à la façon dont on parle des parents entre professionnels, en particulier en présence des enfants.

Il est aussi important de garder une « juste distance/proximité » en regard de la situation, du contexte institutionnel et relationnel.

Ce souci de respecter les parents et de soutenir leurs compétences implique une certaine humilité professionnelle : le professionnel ne sait pas tout et ne doit pas tout faire.
 

 

Chaque famille vit dans un contexte singulier qui la conditionne dans la manière dont celle-ci va s’inscrire dans le lieu d’accueil.  Ce contexte n’étant pas figé dans le temps il est important que les professionnels en tiennent compte tout en veillant à ne pas être intrusif.

Le contexte socio-économico-culturel du lieu d’accueil a également de l’influence sur la manière de prendre en compte la parentalité. Il est donc nécessaire d’en tenir compte. Les choix et les options du Pouvoir Organisateur ont toute leur importance dans ce cadre.
 

 

Le lieu d’accueil est parfois confronté à des attitudes parentales questionnantes, difficiles à gérer et d’autant plus pour les accueillant(e)s à domicile.

Ecouter et recevoir la demande des parents tout en mettant en avant l’objectif « d’un bien commun » est essentiel. Ainsi, l’enjeu est de garder un positionnement fidèle aux valeurs du projet d’accueil et un cadre sécurisant qui garantit le respect et l’intégrité de chacun au sein de la collectivité.

Il est nécessaire de pouvoir à la fois anticiper ce type de situations et mettre en place des pratiques pour les gérer de façon adéquate.
 

 

Le lieu d’accueil fait partie d’un environnement, connaitre les missions et objectifs de travail des autres professionnels lui permet de pouvoir se positionner au sein d’un réseau.

Quelques points auxquels porter son attention : 

Connaître ses missions et limites d’action : 
  • Participer au réseau : Le plus souvent, la mobilisation de certains acteurs du réseau local autour d’une situation familiale est initiée par d’autres institutions que le lieu d’accueil et crée un réseau singulier d’intervention qui prend une forme variable et spécifique selon les situations et en fonction de chaque famille. Bien que n’étant pas un intervenant social par rapport aux parents, la présence du lieu d’accueil y est parfois justifiée par son regard privilégié sur l’enfant. C’est pourquoi, dans sa participation au réseau, le lieu d’accueil s’engage à se baser sur de réelles observations de l’enfant et donc une connaissance fine de celui-ci.
  • Réseau sous le mandat de l’Aide à la Jeunesse :  Rester concentré sur l’enfant : Le lieu d’accueil peut être un espace potentiel de résilience pour l’enfant, c’est-à-dire un espace dans lequel il peut expérimenter autrement et dans le respect de son intégrité physique et morale, de ses origines, de son histoire. La participation suppose que le lieu d’accueil en définisse les conditions : qui est le porte-parole du lieu d’accueil ? Qu’est-ce qui est mis en place pour aider le professionnel dans ce rôle ? Quels objectifs de travail ? Que communique-t-on ? Que fait-on des informations reçues ?
  • Un réseau d’aide à la demande des parents : Le lieu d’accueil peut éventuellement accompagner les parents dans leurs démarches, à condition qu’ils en aient formulé explicitement la demande, et que ce soutien soit réfléchi et acté par le lieu. Parfois, le lieu d’accueil est choisi par le parent comme son interlocuteur privilégié. Dans ce cas, il doit se positionner, en lien avec son projet d’accueil, sur sa légitimité et sa capacité à tenir ce rôle. Un intervenant qui a la confiance des parents est souvent le mieux placé pour créer des relais de qualité vers d’autres professionnels.
Connaître les autres acteurs du réseau pour mieux passer le relais :
  • Développer des synergies: les familles ressentent parfois des incohérences entre les actions et les différents acteurs du réseau. Le travail en réseau devrait favoriser une cohérence et une continuité entre les actions des différents acteurs du réseau
Les notions de secret professionnel et de secret professionnel partagé :
  • Le secret professionnel: Les articles 458, 458 bis et ter du code pénal (parcourez le code pénal via ce lien) stipulent les règles de droit en matière de secret professionnel et les exceptions prévues par la loi permettant de lever le dit secret. Vous trouverez davantage d'informations sur le secret professionnel via les liens suivants: le site belgium.be; les ressources proposées par Yapaka propose en ce qui concerne le secret professionnel ainsi que la brochure "Le secret professionnel : le devoir de taire...la force de nommer", réalisée en 2018 par la Commission de Coordination d'Aide aux Enfants victimes de Maltraitance du Brabant Wallon. Cette brochure aborde la thématique de façon complète, en offrant des références ainsi que des exemples pratiques.

  • Le secret professionnel partagé:  Pour les intervenants tenus au secret professionnel, la notion de secret professionnel partagé ouvre la possibilité d’échanger avec un tiers moyennant le respect de certaines balises :

    • partager uniquement les informations indispensables à l'exercice de sa mission ;

    • entre personnes tenues au secret professionnel et poursuivant une même mission ;

    • après avoir sollicité l’accord de (ou à défaut avoir informé) l’usager, sauf si cela risque de porter atteinte à l’intérêt de l’enfant.

Vous trouverez davantage d'informations sur le secret professionnel partagé via les liens suivants: l’article 12 du code de déontologie de l’Aide à la Jeunesse et le Protocole d’intervention entre le secteur médico-psycho-social et le secteur judiciaire (protocole «Robesco», décembre 2007), la fiche de l’AViQ

Vous trouverez également ci-après les ressources issues de la journée d'études "Révéler pour mieux aider : le secret professionnel partagé au cœur du travail en réseau" organisée par l'asbl C.E.D.S. (Centre d'Etudes et de Documentation Sociales, qui collabore étroitement avec le Département des Affaires sociales de la Province de Liège) : 

Le secret partagé : un paradoxe

Aspects déontologiques et éthiques

Conclusions de la journée sur le secret professionnel partagé 

D'autres notions :
  • Le devoir de réserve et/ou de discrétion: Pour les personnes qui ne sont pas soumises au secret professionnel, les notions de devoir de réserve et/ou de discrétion restent d’application pour respecter l’intimité des familles et soutenir une relation de confiance.
  • La non-assistance à personne en danger

L’article 422 bis du code pénal, rappelle à tout citoyen et/ou professionnel, l’obligation de porter assistance à une personne en danger.  La Cour de cassation nous donne quelques exemples.